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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/116

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SEPTEMBRE 1762

cupera une partie convenable. Il y doit ouvrir ses classes au ier octobre. Le parlement ordonne en outre, toujours sous le bon plaisir du roi, que provisoirement les boursiers des différens collèges, qui ne sont pas de plein exercice, seront tenus de fréquenter ledit collège de Lisieux exclusivement à tout autre. On ne peut qu’applaudir encore à la sagesse de ce règlement, qui tend de plus en plus à former d’excellens sujets dans tous les genres.

18. — M. Formey vient de donner au public l’Esprit de la Nouvelle Héloïse, en un volume. Il prétend que cet ouvrage peut être utile à la jeunesse. Il n’en adopte pourtant pas tous les principes et toutes les maximes. Comme la chaleur et le sentiment sont le premier mérite d’un roman, on conçoit que l’analyse de M. Formey doit être des plus sèches et ne pas mériter tout le cas qu’il en paraît faire.

19. — M. Racine[1] est allé voir la salle de la Comédie Française, il y a quelques jours. Sa grande dévotion l’empêche depuis long-temps de fréquenter le spectacle. Ce fils d’un illustre père a été accueilli avec tous les égards que les Comédiens lui devaient : il a tout loué, tout admiré. Sa visite faite, « Messieurs, a-t-il dit, je viens réclamer une petite dette. Vous savez que mon père avait défendu par son testament qu’on jouât Athalie. M. le Régent a depuis ordonné que, sans égard aux volontés du testateur, ce drame serait donné au public. Cet ordre de M. le duc d’Orléans ne me fait déroger en rien à mes droits ; je revendique, en conséquence, la part qui me doit revenir des représentations multipliées de ce chef-d’œuvre de mon père. » Cette demande a fort étourdi

  1. Louis Racine, auteur des poëmes de La Grâce et de la Religion. — R.