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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/166

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MARS 1763

remercie son ami de sa lettre de change. Celui-ci n’y comprend rien. On éclaircit le fait : la générosité du Français, mise dans tout son jour, pénètre l’un de reconnaissance, l’autre d’admiration. Ce dernier se trouve à son tour lui avoir les obligations les plus grandes, puisqu’il lui doit la vie. On découvre qu’il aime la fille de l’Anglais ; que celle-ci a du retour pour lui. Le nouvel arrivé la cède généreusement, et donne tout son bien à ces amans. On reçoit dans l’instant les nouvelles de la paix : de là un divertissement fort long et fort plat. On fait danser toutes sortes de nations, jusqu’à des nègres ; puis on chante des couplets misérables.

Dans le courant de la pièce on avait amené un vive le roi ! Quelques voix dans le parterre ont fait chorus : il n’a pas été général à beaucoup près.

Mademoiselle Dangeville, qui se disposait à se retirer, a continué dans cette pièce, par ordre du gouvernement, qui la prend fort à cœur.

15. — Bentkber au sage et savant Abukibek. Tel est le titre de la quinzième des Lettres Cabalistiques, qu’on vient de réimprimer seule. Elle porte sur la destruction de la Société, qu’elle paraît prophétiser de la manière la plus judicieuse et la plus sensible. Elle en détaille les motifs, et les tire des mêmes raisons qu’ont fait valoir les différens parlemens. Elle est fort singulière par les circonstances. L’éditeur n’a pas manqué d’observer que ces Lettres étaient du marquis d’Argens, frère du président d’Éguilles, actuellement décrété de prise de corps pour avoir soutenu, per fas et nefas, cette formidable Société.

16. — On annonce aussi la retraite de mademoiselle Gaussin. Cette perte du Théâtre Français ne fera pas au-