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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/204

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JUILLET 1763

firme de plus en plus le bruit accrédité parmi les gens de lettres, qu’il est le vrai coloriste de cette pièce.

9. — Zélis au bain, poëme en quatre chants. Cette bagatelle, qu’on attribue à un jeune homme de vingt ans, n’est précieuse ni par le fond, ni par l’invention du sujet ; mais elle est délicatement écrite, d’un coloris frais, d’un pinceau tendre, facile et gracieux. Elle est de M. le marquis de Pezay.

10. — Les Anglais ont feit imprimer une Réponse à l’Appel de M. de La Condamine, où son incartade est traitée ainsi qu’elle le mérite. Tout le monde a regardé la démarche de ce Français comme une extravagance.

11. — M. le comte de Lauraguais, connu par différentes folies en plusieurs genres, et surtout par la manie d’être auteur, a pris l’inoculation sous sa protection. En conséquence, il a fait un Mémoire[1] ou il traite l’arrêt du parlement des qualifications les plus indécentes, sans parler de ses écarts sur la religion et de quantité de plaisanteries qu’il dirige contre les différens corps qui doivent connaître de cette matière. Le 2 de ce mois, il a essayé de lire ce Mémoire à l’assemblée de l’Académie des Sciences, dont il est membre. Ses confrères n’ont pu tolérer les indécences dont il est plein ; ils l’ont arrêté au bout de quelques phrases et lui ont témoigné leur répugnance à entendre la suite ; ils en ont fait même un refus absolu. M. de Lauraguais, mécontent de ne pouvoir donner à son ouvrage la publicité qu’il désire, en a envoyé des copies aux ministres et à différentes personnes de la cour, ce qui pourrait lui être funeste[2].

  1. Mémoiré sur l’inoculation ; 1763, in-12. — R.
  2. V. 16 juillet 1763. — R.