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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/208

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JUILLET 1763

mesure qu’elles se présenteront, sans prétendre les citer comme des morceaux précieux par la goût, l’esprit, ou le style qui y régnent.

Lettre de M. le comte de Lauraguais à M. le comte de Saint-Florentin,
En lui envoyant son Mémoire sur l’Inoculation, pour être mis sous les yeux du roi.

J’ai cru devoir, M. le comte, vous engager à donner au roi un Mémoire que j’ai fait sur l’inoculation ; Vous avez protégé tant de voyages entrepris par les Académiciens du roi pour déterminer la figure de la terre, qu’il m’a paru, j’ose le dire, impossible que vous ne prissiez pas un intérêt bien vif à ce qui intéresse l’existence de ses habitans, la conservation du roi particulièrement, et celle de ses sujets.

Par quelle fatalité notre nation a-t-elle toujours combattu contre des vérités dont les autres jouissent déjà ? C’est une chose bien extraordinaire et bien douloureuse à contempler, que le moment où la perfection des beaux-arts élève un monument au roi, que celui où les magistrats sont assez éclairés pour rejeter les refus des sacremens, soit en même temps celui où les magistrats consultent les ignorans docteurs sur la probabilité physique de l’inoculation, changée par l’expérience dans le moyen de conserver les créatures de Dieu, après leur avoir imposé silence en théologie.

Le réquisitoire de M. de Fleury est digne de la barbarie du siècle de Louis-le-Jeune ; mais, comme Louis XIV créa l’Académie pour conserver au moins les lumières acquises, et que ses membres doivent lutter contre les œuvres nouvelles, j’ai cru devoir faire le Mémoire que je vous prie de présenter au roi, et n’ai pas