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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/254

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NOVEMBRE 1763

pour les arts, mérite d’être conservée. On assure que mademoiselle Arnould a saisi l’instant de la sensation très-vive qu’elle a faite à la cour dans l’opéra de Dardanus, dans le rôle de Céphise ; elle s’est jetée aux pieds du duc de Choiseul et a demandé, dans cette posture pathétique le rappel de son Dardanus. Les entrailles du ministre galant se sont émues, il s’est prêté de la meilleure grâce du monde à des instances si tendres. M. le comte de Lauraguais a cru devoir rendre hommage de sa liberté à son auteur ; il lui a consacré les premiers jours de son retour. Pour ne point troubler ses plaisirs, madame de Lauraguais s’est retirée au couvent.

Nota. M. de Lauraguais n’est point de retour. La demande de mademoiselle Arnould, quoique très-séduisante, n’a pas produit un changement si merveilleux ; elle contribuera pourtant beaucoup à ce rappel, qui ne tient, dit-on, qu’à la condition préalable, qu’on exige, de la séparation du comte d’avec son épouse.

25. — Dans une suite du compte historique qui a été rendu de la conduite de M. Chastelier Dumesnil en Dauphiné[1], on lit cette chanson. Elle fait anecdote, et mérite d’être consignée ici.


Margot la ravaudeuse
A dit à Dumesnil :
Cousin, je suis bien gueuse ;
Viens rebattre mon lit,
Comme ton aïeul Blaise,
Qui jadis l’a battu
QPour un quart d’écu !

On prétend M. Chastelier petit-fils d’un cardeur de laine.

  1. V. 27 octobre 1763. — R.