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NOVEMBRE 1763

lignité des courtisans. Lorsqu’il a été question de remplacer M. de Bougainville, le roi en parlait à quelques seigneurs, et demanda si ce serait M. Thomas. « Non, sire, répliqua M. de Bissy qui était présent, il ne s’est pas mis sur les rangs, car il ne m’est pas venu voir. — C’est qu’il ne vous croyait pas de l’Académie, » reprend Sa Majesté ; et les courtisans de rire.

28. — Les Comédiens Italiens, ont donné aujourd’hui une comédie en trois actes et en vers, intitulée l’Heureux événement. Cette pièce n’a pu aller jusqu’à la fin ; elle est de M. Le Blanc, l’auteur de Manco. On a dit méchamment qu’elle ne ferait pas époque dans la vie de l’auteur.

29. — Le Comte de Warwick est imprimé. Il soutient sa réputation à la lecture. La pièce est dédiée au prince de Condé. On lit à la fin une lettre à M. de Voltaire, où ce jeune auteur développe son sentiment sur le genre, qu’il embrasse. Il le fait avec une noblesse que ses ennemis traiteront de hauteur ; il tranche, mais poliment, et sans nommer personne ; elle est fort bien écrite. Il rend à M. de Voltaire tous les hommages qui sont dus au prince du Parnasse.

Ier Décembre. — Voici ce que nous recueillons concernant M. de La Harpe et sur quoi, il paraît qu’on peut se fonder. M. de La Harpe est fils d’un porteur d’eau et d’une ravaudeuse, un enfant trouvé enfin, qui, ayant eu occasion d’être connu de M. Asselin, principal du collège d’Harcourt, fut reçu comme pensionnaire, sans payer pension, M. Asselin, homme de mérite, et connu par de très-bonnes productions, se fit un plaisir de cultiver le mérite naissant du jeune de La Harpe. Celui-ci répondit à ses soins, et s’est distingué d’une façon supé-