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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/259

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MÉMOIRES SECRETS

Tel est le titre d’une brochure fort recherchée et contre laquelle on fait les perquisitions les plus vives, ce qui en rend le prix très-cher. On y épuise contre la gent financière tous les traits de la critique la plus amère, et on y rapporte assez de faits, quoique très-succincts, pour justifier ce qu’on en dit. Cet ouvrage, où l’auteur exhale peut-être un peu trop sa bile, n’est point dénué de mérite. La forme d’y traiter la matière est assez dure ; mais le fond en est de la plus grande vérité. Il y a des endroits sublimes. Il paraît que son vœu est un impôt unique ; il en déduit un intérêt réciproque très-avantageux au roi et à l’État.

— À la fin du Mercure de décembre on a mis pour satellite les observations du marquis de Ximenès en faveur de la tragédie de M. de La Harpe[1]. Il a pris un prête-nom. C’était, sans doute, la seule façon de débiter cette fade production.

10. — Fréron, auteur de l’Année Littéraire, a été arrêté avant-hier après midi, par ordre de M. le duc de Choiseul, et conduit au Fort-l’Évêque. C’est pour avoir inséré dans son journal n° 34, il y a quinze jours, une lettre à lui adressée sur une famille d’Alsace, en route pour se rendre à Rochefort, et passer à Cayenne, arrêtée dans sa marche le 17 du mois dernier par la plus excessive misère, qu’un citoyen généreux a soulagée. Cet acte d’humanité rendu public n’a pas été vu du même œil à la cour ; on en a fait un crime politique à l’éditeur. M. le dût de Choiseul, étant à table, entend parler de cette feuille : « Ce gueux, s’écrie-t-il, s’avise de parler de Cayenne ! Qu’on m’ap-

  1. Lettre aux auteurs du Mercure de France sur le Comte de Warwick, tragédie nouvelle en cinq actes et en vers, etc. ; 1763, in-12. Elle est signée Joubert. — R.