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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/313

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MÉMOIRES SECRETS

lequel ce savant relève avec jugement une infinité de balourdises des différens traducteurs, interprètes et commentateurs du poète romain. Il prétend, par l’étude profonde qu’il a faite de la langue latine, par ses connaissances réfléchies du local où Horace écrivait, avoir découvert beaucoup d’erreurs. Il n’a encore travaillé que sur les Satires, les Épîtres et l’Art Poétique ; il se propose d’étendre ses observations sur tous les ouvrages de ce beau génie. Comme il ne connaît pas complètement toute la force de notre langue, M. Diderot s’est chargé de jeter un vernis sur la première partie qui doit paraître.

10. — Le roi de Suède vient de donner à l’Europe un exemple de la manière dont il faut honorer les lettres, qui mérite d’être consigné dans tous les fastes de la littérature. La place de chancelier de l’Université d’Upsal, la plus ancienne Université du Nord, étant venue à vaquer, cette compagnie a envoyé une députation au prince royal, pour le prier de vouloir bien accepter cette place très-distinguée, qui ne peut être remplie que par un membre du sénat. Ce prince y a consenti, avec la permission du roi. On voudrait pouvoir rapporter la lettre de S. M. Suédoise, par laquelle elle confirme la nomination de son fils. Elle y met dans le plus beau jour la nécessité pour un souverain de protéger les arts et les lettres. Cette lettre est digne, en un mot, d’un Léon X, d’un François Ier, d’un Louis XIV.

11. — M. le comte Algarotti est mort à Pise la nuit du 22 au 23 du mois dernier. Cet ami des arts et des muses a laissé, entre autres choses, un legs de huit mille écus romains à M. Mauro Tossi, peintre célèbre de Bologne. Il veut qu’on en emploie deux mille à lui élever un mau-