Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
JUILLET 1764

savant ecclésiastique contre le mauvais goût qui déshonore cette littérature étrangère. On lit à la tête de l’ouvrage une préface excellente, où toutes les beautés de ce drame sont approfondies et développées. Une remarque singulière, et qui paraît assurer à jamais la supériorité à Racine sur Corneille, c’est que les étrangers ne balancent pas entre ces deux auteurs. Ils disent que les tragédies de Racine sont mieux organisées : c’est le mot dont se servent les Italiens, les Espagnols et les Portugais, c’est-à-dire quelles remplissent mieux leur objet, qui est de remuer, de pénétrer, de faire fondre le cœur.

26. — Les Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation des Amans de village, comédie en deux actes et en vers, mêlée de musique. Les paroles sont de M. Riccoboni, la musique de M. Bambini, homme qui n’a encore rien donné.

31. — Fréron, dans sa vingtième lettre, fait une sortie très-vive contre M. de Voltaire. Il attaque son nouveau volume de Contes, et profite de tous les avantages que ce grand poète donne contre lui dans cette agréable, mais volumineuse rapsodie. Fréron ne peut pas lui pardonner un certain chant, accessoire à la Pucelle, où, dans une bande de galériens que rencontre Charles et sa troupe dorée, se trouve Jean Fréron. Il relève avec raison la critique injuste que M. de Voltaire fait de La Fontaine. Il dévoile une jalousie basse, bien indigne d’un aussi grand homme. Il n’est pas jusqu’à Molière que Fréron est obligé de venger.

Ier Août. — On voit depuis quelques semaines, au palais des Tuileries, le portrait en grand de feu madame la marquise de Pompadour, par Drouais, peintre de