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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/344

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OCTOBRE 1764

à l’article d’Angleterre, la traduction d’un éloge très-complet de M. de Voltaire comme historien. : elle est extraite d’un journal de cette nation, intitulé Monthly Review. Il dit, en parlant d’une nouvelle traduction anglaise de l’Hisioire de Pierre-le-Grand par ce célèbre auteur :

« Il n’y a peut-être jamais eu d’écrivain plus propre à composer l’histoire de son temps que M. de Voltaire. À la portion extraordinaire de génie qu’il a reçue de la nature il joint une connaissance intime du cœur humain et des mœurs. Le ton brillant, vif et rapide de son style, l’art de développer les passions, l’étude approfondie des principes des gouvernemens, rendent ses écrits également utiles et agréables. Il sait saisir ces détails de la vie privée, qui, quoique minutieux en apparence, expliquent souvent les plus grands événemens. Ses liaisons avec les princes et les personnes les plus considérables de l’Europe lui ont fait connaître beaucoup de particularités inconnues au commun des écrivains. Né dans une monarchie, il a su concilier le respect dû au gouvernement de son pays avec les principes d’une noble liberté, et il s’est toujours montré un ardent défenseur des droits de la nature humaine. Ses liaisons et ses principes ne l’ont rendu esclave d’aucun parti. Il juge des récits des historiens contemporains avec cette mâle franchise, naturelle à un esprit éclairé et indépendant, et il décide sur les événemens plutôt par les probabilités et le concours des circonstances que par l’autorité d’aucun écrivain, quel qu’il soit. Ses écrits historiques sont une charte des privilèges de l’humanité, où la vérité n’est ni altérée par des assertions particulières, ni obscurcie par des préventions d’un esprit étroit, ni trahie par un lâche atta-