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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/386

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FÉVRIER 1765

que le gouvernement doit protéger, étendre et faire entendre à toute la nation, s’il est possible.

Le grand mérite de l’auteur consiste à avoir fait, à l’exemple des Grecs, choix d’un sujet national, où il nous rappelle nos mœurs, nos coutumes, nos lois, notre gouvernement : tous ces détails, quoique gauchement amenés, et froidement énoncés, feront grand plaisir à ceux qui ne regarderont point cet ouvrage avec les yeux du connaisseur.

14. — Mademoiselle Clairon s’étant parfaitement reconnue dans son portrait, tracé d’après nature par Fréron[1], est allée trouver les gentilshommes de la chambre, et a menacé de se retirer si l’on ne lui faisait pas justice de ce vil journaliste. En conséquence, on a sollicité un ordre du roi pour le faire mettre au Fort-l’Évêque. Heureusement pour lui, il a la goutte, et ses amis en ont obtenu la suspension jusqu’à ce qu’il fût en état d’y aller. Toute la littérature impartiale crie contre une pareille injustice, d’autant plus grande que cette reine de théâtre, quoique parfaitement ressemblante, n’est point nommée, et n’est même caractérisée par aucun trait assez particulier pour qu’on puisse dire qu’il l’ait désignée spécialement.

15. — On fait en Hollande une nouvelle édition de la Pucelle, petit format, enrichie d’estampes très-curieuses et en grand nombre. On l’aura dans toute l’ingénuité du texte.

Un petit auteur, nommé Nougaret, a formé le projet

  1. En publiant dans l’Année Littéraire les vers de Du Doyer de Gastel à mademoiselle Doligny (22 janvier 1765), Fréron faisait le plus grand éloge de la sagesse de cette comédienne qu’il comparait à une autre actrice dont il faisait, sans la nommer, le portrait le plus infâme. Mademoiselle Clairon eut le courage d’avouer la ressemblance en poursuivant le pamphlétaire. — R.