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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/393

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MÉMOIRES SECRETS

en leur donnant un témoignage de leur estime, de leur respect et de leur confiance.

6. — On débite, depuis quelques jours, une traduction d’un ouvrage anglais intitulé : l’Hôpital des Fous[1]. Cette plaisanterie ingénieuse n’est cependant pas assez originale pour mériter une distinction particulière. M. Dorat, dans une lettre aux auteurs de l’Avant-coureur et dans une lettre à Fréron, désavoue cette production qu’il prétend qu’on lui attribue.

7. — Le Siège de Calais continue à faire l’engouement de la cour et de la ville. Il n’est dans les talons rouges que le comte d’Ayen qui ait le courage de se déclarer, et de larder la pièce de tous les sarcasmes que lui présentent les circonstances. On lui reprochait, ces jours-ci, un tel acharnement contre ce monument patriotique : « Vous n’êtes donc pas bon Français ? lui disait-on. — Bon Français ! À Dieu ne plaise, s’écria-t-il, que je ne le fusse pas meilleur que les vers de la pièce. » En effet, elle est barbarement écrite.

8. — Nous ne pouvons omettre un trait dont nous sommes sûrs, et qui est trop propre à découvrir à nu l’âme du sieur Fréron, pour l’oublier.

L’imprimeur Barbou étant allé voir ce journaliste au sujet de l’Essai d’une traduction en vers de l’Iliade, que vient de donner au public M. de Rochefort, Fréron demanda s’il s’intéressait beaucoup à cet ouvrage. Le libraire répondit que non, puisque l’auteur l’avait fait imprimer à ses frais. « Cela posé, répliqua-t-il, ce n’est point la peine de le lire, ni d’en parler. » On sent facilement à ce langage quel ressort fait remuer sa plume, et le cas à faire de ses éloges ou de ses critiques.

  1. La Haye (Paris), 1765, in-8o de 40 pages. L’original anglais est de Guillaume Walsh. — R.