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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/451

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MÉMOIRES SECRETS

2. — La Chandelle d’Arras, poëme héroï-comique en dix-huit chants[1]. Cet ouvrage, attribué à M. de Groubental, l’auteur du Balai[2] n’est point sans mérite. Il est bien versifié, a des descriptions pittoresques et voluptueuses. L’auteur ne fait cependant que singer la Pucelle de M. de Voltaire, et ne montre aucune invention. Il y a une Épître dédicatoire à M. de Voltaire, comte de Ferney, qui est un vrai galimatias. L’ouvrage est parsemé de notes, ou impies, ou diffamatoires, ou au moins satiriques. Toutes ces qualités le rendent fort rare.

3. — Mademoiselle Clairon, qui avait paru aller à Genève pour consulter M. Tronchin sur sa santé, a reçu de cet Esculape une réponse telle qu’elle la désirait. Il la menace d’une mort prochaine, si elle remonte sur le théâtre. On croit que cette consultation est concertée. Quoi qu’il en soit, elle a déployé ses talens chez M. de Voltaire, Ce grand poète ne la connaissait que par renommée ; il n’avait pas vu cette actrice à son apogée, il a été enchanté et il lui en a marqué sa reconnaissance, et s’est enthousiasmé dans une Épître où il prétend qu’on ne peut avoir de grands talens sans y joindre de grandes vertus. On sent qu’il a ses raisons pour soutenir cet étrange paradoxe.

4. — La Requête des Mousquetaires au Clergé en a fait éclore, suivant l’usage, plusieurs autres encore plus mauvaises : Requête des Capucins pour se faire raser, et de leur barbe faire des perruques aux Bénédictins ; Requête des Perruquiers, etc.

  1. Berne, 1765, in-8o. L’abbé Du Laurens, qui eut quelquefois Grouber de Groubental pour collaborateur, est seul auteur de ce poëme. Il a été réimprimé en 1807., précédé d’une notice sur Du Laurens par M. Fayolle. — R.
  2. Constantinople (Amsterdam), 1761, in-8o. Ce poème est de Du Laurens. On l’attribua quelque temps à Voltaire. — R.