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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/46

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JANVIER 1762

dresse ou la sévérité des pères. C’est un très-grand acteur, qui joint la force au pathétique, la chaleur au sentiment : il est généralement admiré. Nous ne voyons personne qui lui refuse son suffrage, et son jeu n’a encore essuyé aucune critique.

D’après ce détail y il est aisé de juger que le théâtre de la Comédie Française a les acteurs les plus parfaits de l’Europe, quoi qu’en disent les censeurs, qui n’admirent jamais le présent. Nous croyons fort que la génération comique actuelle vaut la génération passée, que les Baron et les Montménil sont remplacés, et que les Roscius antiques ne dédaigneraient pas d’applaudir aux Roscius modernes.

Ier février. — Les Comédiens Italiens ont donné aujourd’hui, pour la première fois, les Bossus rivaux[1], parodie nouvelle, imitée d’une pièce de M. Goldoni, qui porte le même nom, à laquelle on a ajouté quelques avis. Cette drogue n’a point eu de succès. Elle est de M. Riccoboni.

3. — Jamais les Italiens ne s’étaient vus assiéger par une foule pareille à celle d’aujourd’hui. C’était une fureur dont il n’y a pas d’exemple : des flots de curieux se succédèrent sans interruption, et débordaient dans toutes les rues voisines : l’ouverture de l’Opéra-Comique sur leur théâtre attirait ce concours prodigieux. Tout était loué depuis plusieurs jours, jusqu’au paradis. On a commencé par la Nouvvelle Troupe, comédie d’Anseaume et de l’abbé de Voisenon, à la fin de laquelle on a ménagé une scène qui a amené la réunion des deux spectacles, et un acteur y a harangué le public à ce sujet, et lui a

  1. Non imprimé. — R.