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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/462

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OCTOBRE 1765

célébrer la convalescence de M. le comte de Saint-Florentin[1]. Tout le monde sait l’accident qui lui est arrivé[2]. L’auteur met beaucoup d’onction et de facilité dans son Épître ; il finit ainsi :


De ta précieuse vie
Ne va plus hasarder le cours,
C’est s’affliger pour la patrie
Que de s’affliger pour tes jours !

C’est au public à juger de cet éloge et à ratifier ces sentimens flatteurs.

10. — Extrait du Discours de M. Le Blanc de Castillon, avocat-général du parlement de Provence, le jour de la rentrée de cette cour, le ier octobre 1765, au palais d’Aix…[3]. Les lois ne sont autre chose que les divers rapports des établissemens nécessaires à la société avec la loi naturelle. La connaissance de la loi naturelle doit être l’unique étude du magistrat. Par elle il aura la clef des lois divines et humaines. Rien ne lui échappera dans le droit public : les matières les plus abstraites de la théologie seront à sa portée, la profondeur du dogme n’aura rien qui l’effraie ; il y ramènera les ministres chaque fois qu’ils s’en écarteront.

Le plus grand et le plus vaste génie du siècle passé a connu la loi naturelle mieux que personne, quoiqu’on puisse dire qu’il a quelquefois été un peu trop loin. Montesquieu a corrigé ce qu’il pouvait y avoir d’outré dans

  1. Vers à M. comte de Saint-Florentin. Paris, 1765, in-8o.
  2. Il avait été blessé à la chasse assez grièvement pour qu’on fût obligé de lui faire l’amputation de la main. On répandit alors l’épigramme suivante :

    Ci-gît la main d’un grand ministre
    Qui ne signa que du sinistre.

    — R.
  3. Voyez 25 octobre 1765, et 8 mars 1766. — R.