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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/482

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NOVEMBRE 1765

le public connaisseur a senti la finesse de la repartie, et l’on a fort applaudi l’intelligence de l’acteur.

19. — Tandis que M. de Belloy reste ici enseveli sous l’auréole de gloire qui l’environne, que les trompettes de la Renommée ne résonnent plus de sa pièce, l’Amérique retentit de ses louanges. On écrit de Saint-Domingue que M. le comte d’Estaing, gouverneur-général, a fait représenter, au Cap, le Siège de Calais ; que cette tragédie y a fait fermenter au plus haut degré le zèle patriotique. Non content de cela, le commandant a fait imprimer la pièce à ses dépens, et en a fait distribuer des exemplaires à tous les habitans et soldats.

20. — De tout un peu, ou les Amusemens de la campagne, par l’auteur de Rose. L’auteur de : cette brochure (M. Desboulmiers) nous apprend qu’il l’a faite en province et dans un vieux château. Il n’est pas étonnant que l’ouvrage n’offre rien de neuf. Ce sont de ces historiettes répétées mille fois dans les soupers provinciaux. Au reste, on y trouve contes, couplets, épigrammes, fables, impromptus, songes, épîtres, envois, et jusqu’à un alphabet philosophique. Heureusement il y a fort peu de tout cela ; on doit tenir compte à l’auteur de sa discrétion.

23. — Le canton de Berne, comme allié de la république de Genève, a cru ne pouvoir tolérer Rousseau sur son territoire. Il a fait signifier à cet illustre proscrit qu’il eût à sortir de ses terres. En vain a-t-il fait valoir les droits de l’humanité ; en vain a-t-il demandé qu’on lui laissât passer l’hiver dans sa retraite, jusqu’à ce que la saison lui permît de se rendre en Prusse : le canton s’est montré inexorable. Il a poussé la dureté jusqu’à refuser l’offre que faisait Rousseau de se constituer pri-[1]

  1. Amsterdam et Paris, 1766, in-12. — R.