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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/85

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M. Du Monchau, médecin de l’hôpital militaire de Douai, ayant fait un livre inthulé Anecdotes de Médecine[1], s’est avisé, pour lui donner de la célébrité, de le commencer par des lettres initiales qui désignent M. Barbeu Dubourg, docteur-régent de la faculté de Médecine de Paris. Celui-ci a réclamé contre l’imposture. Le véritable auteur a écrit une lettre fort polie à M. Dubourg, où il lui déclare la cause de sa supercherie… Ce livre a des choses amusantes, mais tout-à-fait étrangères à son objet, et ne passe pas pour très-véridique.

26. — On assure que Rousseau a fait un roman intitulé Édouard[2]. Ce sont les aventures d’un Anglais qui joue un rôle dans le roman de Julie. On prétend qu’il en a déposé le manuscrit entre les mains d’un homme de la cour.

Le livre de Rousseau[3], lu à présent de beaucoup de monde, fait très-grand bruit : il est singulier, comme tout ce qui sort de la plume de ce philosophe, écrit fortement et pensé de même : du reste impossible dans l’exécution, plein d’excellens préceptes, quelquefois minutieux, même bas, il pourrait être de beaucoup plus court. On remarque aussi que le tout n’est pas parfaitement lié : il y a des pièces de rapport, et qui ne sont pas bien fondues dans l’ouvrage, des choses très-hardies contre la religion et le gouvernement. Ce livre, à coup sur, fera de la peine à son auteur. Nous y reviendrons quand nous l’aurons mieux digéré.

31 — Le livre de Rousseau occasione du scandale

  1. Paris, 1762, in-12 ; Lille, J. B. Henry, 1766, 2 vol. in-12. — R.
  2. Le Amours de milord Édouard Bomston, dont le manuscrit fut donné par Rousseau a madame la maréchale de Luxembourg, n’ont été imprimés qu’après la mort de Jean-Jacques. Ce petit roman, qui se lie à la Nouvelle Héloïse, est ordinairement placé à sa suite. — R.
  3. Émile, — R.