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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/123

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tort à de si beaux noms, sans offenser la veritable Sagesse.

Quelle erreur ! de s’imaginer que la Sagesse ne puisse jamais estre courageuse ; qu’elle doive tousjours craindre, & tousjours trembler. Ces nouveaux Sages connoissent les Sages de l’Antiquité : Ils ont leû Aristote aussi bien que nous, & n’ont pas fait neantmoins leur profit de ce vieux Oracle, rapporté par Aristote, Qu’il faut appeller le peril au secours du peril, et sortir d’un mal, par un autre mal.

Quelque deplorable que soit la condition presente des choses, ils ne peuvent se resoudre à la nouveauté, & au changement : Ils aiment mieux souffrir le changement, que le faire, & l’attendre, que le prevenir. Au lieu d’obeïr à l’Oracle, & de tenter le second peril, ils s’accoustument, & se familiarisent avec le premier. Au lieu de faire un effort, pour se tirer du mauvais pas, où ils sont tombez, ils y cherchent une posture supportable, pour