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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/140

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estre l’aller conquerir aux dernieres extremitez de la Terre. Cependant il y a de l’apparence qu’il se contentera de la place, que vostre Majesté luy donne, apres elle. Son ambition sera plus sage & plus modeste, que celle des autres Ambitieux. Il se peut, Sire, que ses desseins respecteront la Couronne de son Maistre, & les Loix de sa Patrie. »

La jalousie du Prince s’allumant, par ces excuses magnifiques, & par cette douceur apparente, meslée de cette raillerie amere ; la desfiance entre en son ame, aveque l’estime. Mais il reste encore quelque chose à faire. Le travail est heureusement commencé ; mais il n’en doit pas demeurer là, & le Courtisan dissimulé passe plus avant. Il adjouste, « que quoy qu’on puisse dire, & quelque crime qu’on allegue, il ne sçauroit conclure à la condannation d’un Homme, qui autrefois a si bien servi ; qu’il faut que Philippe ou Alexandre se conseille, en cecy, avec soy-mesme, & avec les Dieux Immortels ;