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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/144

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Gran Fabbro di calunnie, adorne in modi
Noui, che fono accuse, & paion lodi.

C’est particulierement au Païs de ces deux Vers, où il se trouve de ces excellens Trompeurs ; & il me souvient d’un des principaux Ministres de la premiere Cour de la Chrestienté, qui estoit passé Maistre en cette belle science. De si loin qu’il voyoit un homme, à qui il venoit de rendre un mauvais office, il luy crioit à haute voix, l’ho servita Signor. Et avec ces maximes de Piperie, il a gouverné fort long temps le Monde : Il est parvenu à une extreme vieillesse, en ne refusant, ni n’accordant rien ; en ne disant, ni ouy, ni non ; en recevant les deux Parties, avec la mesme serenité de visage. Qu’il meure donc, quand il luy plaira, ce Romain si peu digne de la vieille Rome ; si esloigné de la candeur, & de la sincerité de l’ancien Fabrice ; on pourra mettre, sur son Tombeau, avec verité, Qu’il a