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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/26

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puissante. Ils ont dit que les Amis estoient les plus utiles, & les plus desirables des Biens estrangers. Ils les ont considerez, non pas comme les joüets & les amusemens d’un Sage en peinture, mais comme les aides & les appuis d’un homme du Monde.

Il n’y a que Dieu seul, qui soit pleinement content de soy-mesme, & de qui il faille parler en termes si hauts & si magnifiques : Il n’y a que luy, qui, estant riche de sa propre essence, jouïsse d’une Solitude bienheureuse, & abondante en toutes sortes de biens ; luy qui puisse operer sans instrumens, comme il agit sans travail ; luy qui tire tout du dedans de sa nature, parce que les choses en sont sorties de telle façon, qu’elles ne laissent pas d’y demeurer. Les Hommes au contraire ne peuvent, ni vivre, ni bien vivre ; ni estre hommes, ni estre heureux, les uns sans les autres. Ils sont attachez ensemble, par une commune necessité de commerce. Chaque Particulier n’est pas assez de n’estre qu’un, s’il n’essaye de se multiplier