Aller au contenu

Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

égards ne doivent pas aller juſqu’à l’empêcher de découvrir à ſon Maître des veritez importantes dans la crainte de déplaire au Prince auprès duquel il ſe trouve, il y auroit quelque choſe de ſervile & de bas en cette conduite, mais il faut qu’il ſache aſſaiſonner ces veritez, afin d’être en état de pouvoir ſoûtenir & avoüer avec bienſéance les avis qu’il en a donnez lorſqu’ils viennent à être découverts, ce qui dépend d’ordinaire moins des choſes dont il rend compte que du tour qu’il leur donne, & de l’intention qu’il a en les racontant.

Il y a une autre occaſion importante où le Negociateur a beſoin de toute ſa prudence pour s’y bien conduire, c’eſt lorſqu’il n’a que des avis fâcheux à donner à un Prince accoûtumé à être flatté par ſes principaux Miniſtres, & qui pour leurs interêts particuliers veulent lui cacher les mauvais ſuccès. En voici un exemple que je tiens d’un grand Prince, il paroît convenir fort au ſujet, & il peut ſervir à faire