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Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/228

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de l’experience des Generaux, de l’état des Places, des Arcenaux & des Magazins.

Lorſqu’il s’agit d’envoyer un Ambaſſadeur auprès d’un Prince qui aime le repos & les plaiſirs, un bon Courtiſan y eſt plus propre qu’un homme de guerre, parce qu’il eſt d’ordinaire plus inſinuant & accoûtumé à chercher les moyens de plaire à ceux dont il a beſoin, un homme élevé à la Cour ſe plie & ſe tranſforme aiſément en toutes ſortes de figures ; il eſt attentif à découvrir les paſſions & les foibleſſes de ceux avec qui il eſt en commerce, & il a l’art d’en profiter pour venir à ſes fins, ainſi il réüſſit d’ordinaire à ſe rendre agréable au Prince auprès duquel il ſe trouve plus facilement qu’un homme qui a paſſé une bonne partie de ſa vie dans les armées où il eſt difficile qu’il n’ait contracté quelque rudeſſe dans l’humeur & dans les manieres de vivre. Mais ſi l’homme de guerre & le Courtiſan n’ont eu ſoin de s’inſtrui-