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Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/73

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te auparavent de leurs mœurs, de leurs interêts & des paſſions de ceux qui les gouvernent, toutes les choſes paroiſſent autrement, lorſqu’on les voit de près, & on ne peut s’en former de juſtes idées qu’en les connoiſſant par ſoi-même.

Il ſeroit donc à ſouhaiter qu’un homme qui veut être-employé dans les Negociaations, eut voyagé dans les principales Cours de l’Europe, mais qu’il n’y eût pas voyagé comme font nos jeunes gens, qui au ſortir de l’Academie ou du College, vont à Rome pour y voir les beaux Palais, les jardins & les reſtes de quelques bâtimens anciens, & à Veniſe pour voir les Opera & les Courtiſannes ; il faudroit qu’ils voyageaſſent dans un âge un peu plus avancé, & plus capable de reflexion pour apprendre la forme du gouvernement de chaque pays pour y connoître particulierement le Prince & ſes Miniſtres, & cela dans le deſſein d’y retourner un jour avec caracteres ; ce qui les obligeroit à remarquer