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Page:De Forges, de Leuven, Roch - L'alcôve.pdf/33

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RAYMOND, croisant la bayonnette.

Un instant !.. Si je vous donne la preuve de ce que j’avance, me laisserez-vous tranquille ?

SAUVAGEOT.

Oh ! alors… Prouvez sergent, prouvez !..

RAYMOND.

Vous ne vous attendez pas, j’espère, à ce que je vous fasse faire connaissance avec ma particulière… Tu sauras bien distinguer une main d’homme avec une main de femme ?..

SAUVAGEOT, riant.

Oh ! c’te question.. je me connais en mains de femme.. allez..

RAYMOND, parlant à l’alcôve.

Ma bonne amie… montre ta main à ces messieurs.. (Marielle passe sa main à travers les rideaux.)

SAUVAGEOT, s’approchant.

Oh ! la jolie petite main blanche… (Il veut la toucher.)

RAYMOND, lui donnant une tape.

On ne touche pas…

SAUVAGEOT, bas aux autres paysans.

Et une belle bague… une magnifique bague… Dites donc c’est pas une raboureuse…. Farceur de sergent, va…

RAYMOND.

Eh ! ben, est-ce là un suspect ?..

SAUVAGEOT, aux paysans.

Qui diable ça peut-il être… qui porte des bagues comme ça ?

ROUSSELOT.

C’est peut-être la femme du notaire…

SAUVAGEOT.

Merci… Une grande qui louche et qui a les mains pleines d’en gelures…

ROUSSELOT.

A moins que ça ne soit l’épouse du maire…

SAUVAGEOT.

Ça s’rait fameux !.. Si le citoyen maire était lui même.. lui qui en inscrit tant sur le grand registre.. (Il rit) C’est égal, qui que tu sois, pauvre mari, je partage bien le désagrément que le sergent te fait éprouver.. Je me mets à ta place. (Riant très-fort.) Ah ! ah ! ah !..

TOUS, riant.

Ah ! ah ! ah !

RAYMOND.

A présent, j’espère que vous allez me laisser dormir tranquille.. Battons en retraite et plus vîte que ça.

SAUVAGEOT.

C’est juste.. nous sommes dans notre tort.. En route, citoyens ; vous allez continuer vos recherches.. Rousselot, je t’invextis du commandement provisoire. (Il se débarrasse de son sabre et de son chapeau.)