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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/148

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LES ANCIENS CANADIENS.

visité cette famille, car ce sont des maîtres hommes que ces Dufour, et tous dans la force de l’âge ! Les Tremblay sont bien ; j’en suis charmé : Ce sont de braves gens. Il y a de la maladie chez Bonneau : probablement la grand’mère, car elle est très âgée. Un enfant mort chez Bélair ; c’était, je crois, le seul qu’ils eussent : c’est un jeune ménage.

Mon oncle Raoul continua ainsi pendant quelque temps à s’informer des nouvelles de ses amis des Éboulements, de l’Île aux Coudres et de la Petite-Rivière.

– Je comprends, dit de Locheill, sans pourtant en avoir la clef, ce sont des signes convenus que se font les habitants des deux rives du fleuve, pour se communiquer ce qui les intéresse le plus.

— Oui, reprit mon oncle Raoul ; et si nous étions sur la côte du nord, nous verrions des signaux semblables sur la côte du sud. Si le feu une fois allumé, ou que l’on alimente, brûle longtemps sans s’éteindre, c’est bonne nouvelle ; s’il brûle en amortissant, c’est signe de maladie ; s’il s’éteint tout à coup, c’est signe de mortalité. Autant de fois qu’il s’éteint subitement, autant de personnes mortes. Pour un adulte, une forte lumière ; pour un enfant, une petite flamme. Les voies de communication étant assez rares, même l’été, et entièrement interceptées pendant l’hiver, l’homme, toujours ingénieux, y a suppléé par un moyen très simple.

Les mêmes signaux, continua mon oncle Raoul, sont connus de tous les marins qui s’en servent dans les naufrages pour communiquer leur détresse. Pas plus tard que l’année dernière, cinq de nos meilleurs chasseurs seraient morts de faim sur la batture aux