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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/203

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INCENDIE DE LA CÔTE SUD.

— Que le bon Dieu vous bénisse pour cet acte d’humanité ! Qu’au jour des grandes afflictions, lorsque vous implorerez la miséricorde divine, Dieu vous tienne compte de votre compassion pour vos ennemis, et qu’il veille bien vous exaucer ! Dites-lui alors avec confiance, dans les grandes épreuves : j’ai été béni par un vieillard moribond, mon ennemi !

Les soldats transportèrent, à la hâte, le vieillard et son lit à l’entrée d’un bois adjacent ; et de Locheill eut la satisfaction, lorsqu’il reprit sa marche, de voir un petit garçon, monté sur un jeune cheval fougueux, qui brûlait l’espace devant lui. Il respira plus librement.

L’œuvre de destruction continuait toujours ; mais Arché avait de temps à autre la consolation, lorsqu’il arrivait sur une éminence qui commandait une certaine étendue de terrain, de voir les femmes, les vieillards et les enfants chargés de ce qu’ils avaient de plus précieux, se réfugier dans les bois circonvoisins. S’il était touché jusqu’aux larmes de leurs malheurs, il se réjouissait intérieurement d’avoir fait tout en son pouvoir pour adoucir les pertes de ces infortunés.

Toutes habitations et leurs dépendances d’une partie de la Rivière-Ouelle, des paroisses de Sainte-Anne et de Saint-Roch le long du fleuve Saint-Laurent, n’offraient déjà plus que des ruines fumantes, et l’ordre n’arrivait point de suspendre cette œuvre diabolique de dévastation ! De Locheill voyait, au contraire, de temps à autre, la division de son supérieur, qui suivait à une petite distance, s’arrêter subitement sur un terrain élevé, pour permettre sans doute à son commandant de savourer les fruits de son ordre bar-