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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/279

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DE LOCHEILL ET BLANCHE.

CHAPITRE SEIZIÈME.

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de locheill et blanche.


Après des privations bien cruelles pendant l’espace de sept longues années, la paix, le bonheur même commençaient à renaître dans l’âme de toute la famille d’Haberville. Il était bien vrai qu’une maison d’assez humble apparence avait remplacé le vaste et opulent manoir que cette famille occupait avant la conquête ; mais c’était un palais comparée au moulin à farine qu’elle venait de quitter depuis le printemps. Les d’Haberville avaient pourtant moins souffert que bien d’autres dans leur position : aimés et respectés de leurs censitaires, ils n’avaient jamais été exposés aux humiliations dont le vulgaire se plaît à abreuver ses supérieurs dans la détresse : comme c’est le privilège des personnes bien nées de traiter constamment leurs inférieurs avec égard, les d’Haberville avaient en conséquence bien moins souffert, dans leur pauvreté comparative, que beaucoup d’autres dans les mêmes circonstances. Chacun faisait à l’envie des offres de service ; et lorsqu’il s’agit de rebâtir le manoir et ses dépendances, la paroisse en masse s’empressa de donner des corvées volontaires pour accélérer l’ouvrage ; on aurait cru, tant était grand le zèle de