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MÉMOIRES.

lâche, si basse qu’on ne puisse imputer à un officier français ! et celui-ci était un brave gentilhomme canadien, estimé de tout le monde, qui, après cette malheureuse affaire, n’a pas cessé de jouir de la confiance de ses officiers supérieurs, qui a rendu tant de services à cette colonie, ainsi que ses états de service le prouvent. On ignore donc qu’il aurait craché à la figure de Bigot, s’il eût osé lui proposer une telle infamie ! On ignore donc que les compagnons d’armes de M. de Repentigny, que les soldats qu’il a commandés ensuite, se seraient détournés de dégoût en voyant le stigmate imprimé sur le front de cet officier ! S’il eût osé se présenter dans un salon, les dames françaises et canadiennes se seraient écriées : « Chassez cet homme dont les mains puent le sang ! »

Comme il n’est plus de bon ton aujourd’hui parmi certains Anglais, comme c’était la mode il n’y a guère plus de trente ans, d’ajouter l’épithète de lâche (cowardly) en parlant d’un Français, je vais mettre fin à cette calomnie par un moyen bien simple. J’en appelle à tous les officiers de l’armée anglaise, et si un seul, après avoir lu la note placée à la fin de ce chapitre, déclare qu’un assassinat aussi lâche est possible de la part d’un aussi brave officier, je consens que l’on considère alors tout ce que j’ai écrit, pour justifier M. de Repentigny, comme non avenu.

Quant à feu M. Alfred Hawkins, auteur du pamphlet susmentionné, je l’ai toujours connu pour un homme honorable, et il doit avoir consigné de bonne foi une des mille calomnies que ses compatriotes se plaisaient à répandre contre les Canadiens. Je rends même ici,