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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/124

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MÉMOIRES.

fait aussitôt trouver l’épithête la plus mordante, l’avaient nommé le « pape ; » c’était en effet les attributions du chef de l’Église catholique, dont il s’était emparé, puisqu’il avait fait un acte que ni prêtre, ni évêque même pouvaient accomplir. Lorsqu’il passait dans les chemins, les habitants disaient : « voilà le pape qui passe ; » s’il approchait d’une maison on disait : « voici le pape qui arrive : préparons-nous à lui demander des indulgences ! »

J’ai sous les yeux le mandement d’interdiction de l’évêque, où il déclare qu’il n’avait pas les pouvoirs de les marier, et voici le passage : on lit à l’article septième : « Nous déclarons que les personnes qui ont ainsi attenté de se marier avec un empêchement sur lequel nous n’avons pas dispensé, parce que nous ne le pouvons pas et qu’il fallait recourir au pape, se sont.......................................

Et voilà pour la dispense de cent cinquante piastres ! et voilà pour les tendances tyranniques du Prélat.

Mon grand-père et ma grand-mère sollicitèrent plusieurs fois de leur ami, Monseigneur Briand, des dispenses de mariage pour ces deux censitaires qu’ils plaignaient, mais ils en recevaient constamment la même réponse : « Nous ne le pouvons pas. »

Voici maintenant en quelle manière fut célébré ce prétendu mariage. On éleva un simulacre d’autel surmonté d’un crucifix ; et le grand-prêtre improvisé, habitant de la paroisse de Saint-Jean Port-Joli, après avoir singé les cérémonies d’usage de l’Église catholique en pareil cas, les déclara bien et dûment mariés. Il y eût ensuite fortes réjouissances, comme il se pra-