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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/148

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MÉMOIRES.

address you in french although at the risk of exposing myself aux rigueurs de la critique. »

« J’ai lu votre histoire des Anciens Canadiens, et plus particulièrement les « Notes et les Éclaircissements. » J’y ai puisé un bon nombre d’anecdotes, mais je n’y ai pas rencontré l’affaire qui eut lieu sur le marché de la haute-ville, qui, alors, se dirigeait en droite ligne depuis les casernes des Jésuites vers la cathédrale.

« L’affaire n’est pas historique, mais, au moins, elle est assez intéressante en ce qui nous regarde l’un et l’autre ; la voici : vous étiez alors écolier au séminaire, portant capot bleu et ceinturon ordinaire ; moi j’étais écolier chez Monsieur Tanswell, autrefois Jésuite[1], et qui tenait école dans l’ancien évêché, près de la porte de ville Prescott. Un beau jour du printemps, nous nous rencontrâmes sur le marché susdit : vous étiez muni d’un petit sac de marbres, tous neufs, et moi j’en possédais un certain nombre. Le cartel pour le jeu venant de votre part, j’y consentis volontiers, et nous nous mîmes à jouer à la snoque (en anglais, the last knock). La contestation ayant durée quelque temps, il s’en est suivi que je vous ai ripé tous vos marbres. Là-dessus, soit par jalousie, soit par vengeance, soit pour une autre cause, vous me lançâtes un coup de poing avec tant de force et si bien dirigé, sur mon œil gauche, que je le crus pour le

  1. Monsieur Tanswell, ayant fait ses études à je ne sais quel collège de Jésuites, en Europe, les anglais croyaient qu’il avait appartenu à cet ordre éminent. Il s’est marié deux fois à Québec en présence de l’église catholique.