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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/200

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tage ou le désavantage d’une annexion de la province du Canada à la République des États-Unis, et leurs éditeurs sont des British and loyal subjects ! (Anglais et sujets loyaux !) On doit au moins le penser, quoique notre bénin gouvernement semble admirer ces gentillesses. Les autorités d’autrefois auraient pris la chose plus au sérieux : éditeurs, rédacteurs, collaborateurs, auraient gambillé au bout d’un cordeau ; et afin de s’assurer s’ils étaient bien et dûment morts, on aurait brûlé leur cœur sur un réchaud et séparé leur tête de leurs épaules. Ô le bon vieux temps !

On publie de nos jours les calomnies les plus atroces contre les hommes les plus respectables : les épithètes de voleurs, d’assassins, de meurtriers, dansent et sautillent dans les périodes de nos journaux ; et comme ce sont des différends politiques qui valent ces aménités aux personnes ainsi diffamées, elles se donnent bien de garde de recourir aux tribunaux : sachant qu’il est à parier cent contre un que la moitié des jurés d’une politique contraire soutiendra les calomniateurs. Ô l’heureux temps que celui où nous vivons !

J’ai dit qu’on ne parlait autrefois de certaines choses que dans le tuyau de l’oreille. Les journaux anglais, certaines feuilles françaises même publiées en Angleterre, stipendiées par le gouvernement britannique et par les émigrés français ; des pamphlets sortant des mêmes sources, répandaient alors les calomnies les plus atroces contre le grand Napoléon : c’était une espèce d’animal féroce qui frappait sa femme et ses dames d’honneur, qui battait ses aides de camp et leur arrachait les oreilles ; c’était un tigre altéré de sang