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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/211

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colonel Carleton, le lendemain, d’y trouver le terrible major ?

— Permettez-moi, dit le colonel, de vous introduire mon jeune ami, monsieur de Gaspé.

— Charmé de faire sa connaissance, fit le major, en me secouant la main avec cordialité.

Le dîner fut très gai, malgré un peu de contrainte de ma part : j’avais hâte de me trouver seul avec le major pour lui faire mes excuses. En effet, une fois dans la rue, je lui exprimai combien j’étais mortifié de l’avoir offensé même sans le vouloir, mais qu’une mauvaise honte m’avait empêché de lui faire des excuses auparavant.

N’y pensons plus, jeune monsieur, me dit-il en me serrant la main : il est probable que j’en aurais fait autant à votre âge.

Et il m’invita à dîner à son mess, le lendemain.

J’ai appris depuis que, sachant que j’étais l’ami du colonel Carleton, il lui avait fait part de notre petite querelle et qu’ils avaient tous deux ménagé cette réconciliation, après le témoignage que le colonel avait rendu en ma faveur. Je n’étais, certainement, ni querelleur, ni suffisant, je crois même pouvoir dire que j’étais poli et courtois dans mes rapports sociaux, et surtout avec mes supérieurs. C’était un mouvement d’orgueil mal placé d’un jeune homme sans expérience.

Si mon ami, monsieur Hamond Gowan,[1] l’un des

  1. Ce qui précède était écrit avant la mort de M. Hamond Gowan, enlevé il y a une couple d’années à ses nombreux amis.