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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/262

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L’esprit précoce de Plamondon lui valut un puissant protecteur. Monsieur Deschenaux, curé de l’Ancienne Lorette, arrête un jour chez le père de Plamondon, qui demeurait à Saint-Ambroise. Il caressa beaucoup le petit Louis qu’il distingua, pour son esprit, du reste de la nombreuse famille. L’enfant répond à ses caresses et le curé l’emmène avec lui faire un tour de voiture. Monsieur Deschenaux trouve le petit Louis, alors âgé de six ans, un compagnon très agréable ; et le Petit Louis de son côté se trouve si satisfait de sa nouvelle connaissance qu’il refuse de descendre de voiture quand il est de retour chez ses parents. Prières, menaces de la mère, tout fut inutile, il se débattait comme un petit démon.

— Ah ! c’est comme ça, dit monsieur Deschenaux, tu ne veux pas me laisser ; et bien reste avec moi si tes parents y consentent.

Le père de Plamondon chargé d’une nombreuse famille ne demandait pas mieux que d’accepter cette offre, et voilà Plamondon installé chez l’opulent ecclésiastique.

Monsieur Deschenaux, quoique puissamment riche par lui-même, n’en a pas moins desservi la paroisse de l’Ancienne Lorette jusqu’à l’âge le plus avancé. Il distribuait en aumônes dans sa paroisse les dîmes qu’il en retirait.

— Je n’ai pas voulu, disait-il, cesser de percevoir la dîme de mes paroissiens ! ce serait égoïsme de ma part que d’exposer mon successeur à une comparaison désavantageuse entre sa conduite et la mienne.

C’était pendant la guerre de mil-huit-cent-douze.