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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/267

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Ces pauv’ anglés fort maltraités

De tous côtés,
S’en furent chez les Iroquois
Au mont Aquois,
Pour les prier de prendre les armes
Contre Macalm
Qu’avait enfoncé
De tous côtés

Le bataillon bretagne.


Les jeunes étrangers allaient se retirer aussi, lorsque Moquin leur cria : attendez, je vais essayer un autre petit couplet ; mais la cloche, annonçant la fin de la récréation, mit fin à sa verve burlesque.

Les cinq jeunes Anglais que j’ai nommés avaient autant d’amis qu’il y avait d’écoliers au pensionnat du séminaire de Québec. Ils étaient tous à peu près de mon âge, et comme, à l’exception de James Macguire, mort dans les Îles, les autres pourraient vivre encore, je suis certain qu’ils seraient prêts à témoigner de nos bons procédés à leur égard.

Je dînais, douze à quinze ans peut-être après cette scène, à un mess d’officiers anglais, lorsque j’avisai, de l’autre côté de la table où j’étais assis, une espèce de géant de six pieds quatre pouces, à la charpente osseuse, aux traits fortement prononcés, lequel géant me regardait en dessous en ricanant. Je rougis un peu sous l’épiderme, mais, croyant m’être trompé, je continuai à parler à mon voisin. Je lève de nouveau les yeux sur mon Goliath de Geth : même sourire narquois. J’étais très mal à l’aise ; mais, trop bien élevé pour troubler l’harmonie remarquable d’un mess anglais, où les convives sont l’objet des attentions les plus marquées non-seulement de tous les officiers qu’ils connaissent, mais généralement de tous les membres