Aller au contenu

Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mence à lui reprocher quelques bévues qu’il avait faites et dont il se défendait de son mieux. LaForce se retourne à demi, et commence à marmotter entre ses dents, et d’un ton de mauvaise humeur, une phrase dans son baragouin allemand. Nupert s’arrête tout court, lance un regard peu bienveillant au major et continue sa défense. LaForce hausse la voix à mesure qu’il parle, se retourne tout à fait du côté de Nupert et continue sa harangue en le regardant d’un air courroucé. Nupert, l’Allemand le plus emporté que j’aie connu, Nupert bouillant de colère, riposte dans sa langue vernaculaire. Tous deux parlent à la fois en gesticulant comme des énergumènes ; et jamais scène burlesque ne fut plus amusante pour des spectateurs. La fureur réelle d’un côté et simulée de l’autre, était à son comble, lorsque j’imposai silence à mon huissier qui céda d’assez mauvaise grâce en me disant :

— Vous avez bien le droit, vous, monsieur, de me reprendre lorsque je manque à mes devoirs, mais je n’entends pas me faire invectiver par tous les messieurs qui viennent dans votre bureau.

L’erreur de mon huissier me coûta quelques piastres que je ne regrettai guère ; j’avais ri pour mon argent, et mes amis en avaient profité.

Le Chevalier Robert Destimauville, ayant servi dans les armées prussiennes parlait la langue allemande avec facilité ; nous lui dîmes un jour que notre ami le major, alors présent, possédait aussi cet idiome. Le chevalier commence aussitôt l’attaque, à laquelle LaForce répond, avec un sérieux de glace, par une longue tirade.