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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/33

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MÉMOIRES.

chronique d’Halifax, et sur mon honneur ils seront amplement rémunérés de leur peine.

Il y eut, comme de droit, un grand bal au château Saint-Louis. On dînait alors à quatre heures ; le bal commença entre six et sept heures. Le jeune Prince, après avoir dansé avec quelques-unes des dames les plus considérables, belles, laides et indifférentes, s’émancipa un peu, et s’affranchissant de l’étiquette qu’on voulait lui imposer, il choisit lui-même ses danseuses parmi les demoiselles les plus jolies de la réunion, au grand déplaisir de Lady Dorchester qui s’écriait de temps à autres : Ce jeune homme n’a aucun égard pour les convenances !

Le jeune marin, tout à son plaisir, n’avait fait aucune attention à un incident qui ne le frappa qu’entre onze heures et minuit. S’adressant alors à mon oncle Charles de Lanaudière, aide de camp de lord Dorchester, il lui demanda si, dans la ville de Québec, les dames et les messieurs ne s’asseyaient que pour prendre leurs repas ?

— C’est, répliqua l’aide de camp, par respect pour Votre Altesse Royale, que tout le monde reste debout en sa présence.

— Alors, fit le Prince, dites-leur que mon Altesse Royale les dispense de cette étiquette.

L’aide de camp, après avoir consulté Lord et Lady Dorchester, proclama que Son Altesse Royale, le Duc de Clarence, permettait aux dames de s’asseoir ; ce dont plusieurs, surtout les vieilles, avaient grand besoin.

Comme le coin de Fanchette ne refuse rien, même les événements arrivés, peut-être, avant ma naissance,