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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/357

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comme Vatel, il se serait percé le cœur s’il n’eût recueilli les plus grands éloges sur l’ordonnance du festin dont son généreux patron l’avait chargé.

Rien de plus beau, de plus splendide que l’ordonnance de ce repas aux yeux, non seulement des enfants du sol, peu accoutumés alors à ce luxe, mais aussi aux yeux des convives européens ; toutefois il y avait un petit inconvénient pour les dits convives : celui de ne pas connaître un seul des plats qu’on avait servis, tant était monsieur Petit un artiste français distingué.

La danse recommença environ une demi heure après dîner qu’eut lieu le départ des évêques, et continua avec une ardeur toujours croissante, lorsque les cruelles mamans, commençant à s’inquiéter de certaines promenades sentimentales que faisaient leurs demoiselles, dans les entre-actes de la danse, après la disparition de Phœbus, rappelèrent leurs jeunes nymphes, non en les menaçant et armées de javelots comme la déesse Calypso, mais d’un ton assez maussade au dire des jeunes cavaliers. À neuf heures, tout le monde était rentré dans l’enceinte des murs de Québec.

Un mot sur Monsieur Petit, un des Français les plus gais et les plus aimables que j’aie connus. Son généreux patron lui fit présent, avant son départ pour l’Europe, des fonds nécessaires pour ouvrir un hôtel sur un pied respectable à Québec, mais Monsieur Petit eut le sort de tous ceux qui tentèrent alors de semblables entreprises ; et il lui fallut au bout de deux à trois ans chercher fortune dans le Haut-Canada. Peu de voyageurs visitaient Québec à cette époque, même pendant