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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/408

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jusqu’aux épaules ; les efforts qu’il fait pour se dégager font glisser l’extrémité de la perche, et il se trouve pendu à quatre pieds du sol.

Il est facile, par là, de voir que deux hommes peuvent, en peu de temps, tendre plusieurs collets ; aussi lorsque nos compagnons nous rejoignirent à la cabane, à la nuit tombée, avec le produit de leur pêche, nous pouvions espérer une ample provision de gibier, pour le lendemain au matin.

La perdrix passe la nuit dans un trou qu’elle fait dans la neige ; il est à supposer qu’en cherchant un gîte propre à cet effet, elle suit le même procédé que le lièvre en longeant la haie sans la franchir, mais comme elle n’a pas assez de force pour détendre le piège en tirant le fil qu’elle a autour du cou, on la trouve ordinairement morte sur la neige ; et quelquefois à demi-mangée par les martres et autres petites bêtes carnassières ; tandis que les lièvres sont hors de leur atteinte.

Après avoir soupé avec un appétit aiguisé par l’exercice, nous allumâmes nos pipes, remplîmes nos verres d’un punch ardent d’excellent rhum de la Jamaïque, et ainsi munis de toutes nos pièces, nous nous préparâmes à passer une joyeuse veillée. Je commençai l’attaque.

— Vous, père Romain Chouinard, lui dis-je, vous qui avez tant voyagé autrefois, devez avoir vu la chasse-galerie ?

— Une seule fois, dit le père Romain, en faisant le gros bec pour affirmer ce qu’il disait.