Aller au contenu

Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/466

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Laterrière et moi qui l’avons en partie fondé vers l’année 1815, et voici sous quelles circonstances.

Duchesnay avait un cheval, dont il vantait beaucoup la vitesse, et j’en avais un de race espagnole que j’appelais Dragon, parce que je l’avais acheté à un encan de chevaux de cavalerie qui s’était fait à Québec : ce Dragon courait comme un chevreuil. Laterrière me persuada que mon cheval sans être de race pouvait lutter avantageusement, pendant l’espace d’un mille, contre celui de Duchesnay. Il s’ensuivit un pari que je gagnai ; mais mon Dragon avait fait sa dernière prouesse, et il me laissa dans la confusion, lorsque l’année suivante je lui fis courir trois milles au lieu d’un. J’ai rarement vu un cheval courir avec plus de rapidité pendant une courte distance.

La course entre le cheval de Duchesnay et le mien en amena bien vite trois à quatre autres ; et nous formâmes, l’année suivante, un club pour établir des courses annuelles qui ont continuées sans interruption, je crois, jusqu’à présent.

Mais je reviens à monsieur de Salaberry : ce digne gentilhomme était comme je l’ai dit d’une haute stature et taillé en Hercule ; il avait la mine si imposante, l’air si noble, que sans être beau de figure, il passait pour un bel homme. On ne pouvait réprimer un mouvement d’admiration chaque fois qu’il faisait une entrée dans un salon donnant le bras à sa femme aussi belle que gracieuse, et suivi de ses enfants : quatre garçons et trois filles, tous d’une beauté remarquable.

Assistons maintenant à une scène plus imposante. Monsieur de Salaberry, malgré son érudition, dirait