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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/517

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utiliser aujourd’hui. Le dit officier réclama donc parenté avec la vieille dame, qui s’y prêta de bon cœur : il l’appelait en riant ma tante et elle l’appelait en badinant son neveu. Mais ma chère tante était accoutumée à donner de vertes semonces à ses neveux, témoin l’auteur de ces mémoires, lequel âgé même de soixante ans, la craignait encore. Pour en revenir à mon cousin de la Capricieuse, puisque cousin il y a, croyant sans doute flatter la vieille tante, il lâcha en sa présence quelques paroles hostiles contre l’Angleterre.

— Vous n’êtes pas, Monsieur mon neveu, fit-elle, un bon et fidèle sujet de votre Empereur, que je n’aime pourtant guère, puisque vous montrez des intentions hostiles à ses alliés, et surtout dans un moment où vous êtes reçu par eux d’une manière si cordiale.

Ma chère tante malgré son caractère despotique n’en avait pas moins un excellent cœur, et je n’ai point souvenance qu’elle se soit brouillée avec une seule de ses amies, bien au contraire. J’ai bien connu deux demoiselles anglaises, ses compagnes d’enfance, qui après la mort de leur père tombèrent de l’opulence dans un état voisin de l’indigence ; elles furent alors abandonnées de presque toutes leurs amies, mais elles n’en furent pas moins les amies de cœur de ma tante, elle les emmenait passer souvent avec elle une partie de l’été chez ma mère à la campagne, et lorsqu’elle tint ensuite elle-même maison avec ses frères à Québec, les premières invitations étaient toujours pour ces pauvres demoiselles. Je ne crains pas d’ajouter que toute ma famille avait les mêmes sentiments.

À propos de mes tantes, l’une d’elles, Agathe, morte fille