Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la méditation, toute votre âme se remplira de lui ; vous apprendrez ses contenances, et formerez vos actions au modèle des siennes. Il est la lumière du monde : c’est donc en lui, par lui et pour lui que nous devons être éclairés et illuminés ; c’est l’arbre de désir à l’ombre duquel nous nous devons rafraîchir ; c’est la vive fontaine de Jacob pour le lavement de toutes nos souillures. Enfin, les enfants à force d’ouïr leurs mères et de bégayer avec elles, apprennent à parler leur langage ; et nous, demeurant près du Sauveur par la méditation, et observant ses paroles, ses actions et ses affections, nous apprendrons, moyennant sa grâce, à parler, faire et vouloir comme lui.

Il faut s’arrêter là, Philothée, et croyez-moi, nous ne saurions aller à Dieu le Père que par cette porte ; car tout ainsi que la glace d’un miroir ne saurait arrêter notre vue si elle n’était enduite d’étain ou de plomb par derrière, aussi la Divinité ne pourrait être bien contemplée par nous en ce bas monde, si elle ne se fût jointe à la sacrée humanité du Sauveur, duquel la vie et la mort sont l’objet le plus proportionné, souef, délicieux et profitable que nous puissions choisir pour notre méditation ordinaire. Le Sauveur ne s’appelle pas pour néant le pain descendu du ciel ; car, comme le pain doit être mangé avec toutes sortes de viandes, aussi le Sauveur doit être médité, considéré et recherché en toutes nos oraisons et actions. Sa vie et mort a été disposée et distribuée en divers points pour servir à la méditation, par plusieurs auteurs : ceux que je vous conseille son saint Bonaventure, Bellintani, Bruno, Capilia, Grenade Du Pont.