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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/12

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prédilection paternelle, qui n’a pas à craindre de s’égarer quand il s’adresse à vous. Je pensais encore au livre lui-même, que ces quelques pages vont expliquer, vont éclairer, vont vivifier, en le replaçant dans son milieu de temps, de lieu, de circonstances, et en face même de l’âme crucifiée, mais consolée et dirigée, pour laquelle il fut écrit, et que vous aurez fait revivre.

Je pensais aussi à Saint François de Sales, qui sera content de vous. Il vous pardonnera, bien sûr, d’avoir fait, discrètement, une figure concrète et vivante de ce type impersonnel que voilait le nom général de Philothée, puisque c’est pour nous montrer, à côté de ses leçons, l’exemple de la Femme Forte qui en profita la première. Il vous saura gré, sans doute, de vous être le plus possible rapproché de lui, recourant, à cette fin, au texte primitif, tout en dissimulant l’œuvre d’érudition derrière l’œuvre première d’édification : car François de Sales fut un des mieux disants, comme un des mieux pensants de son siècle. Mais en même temps, il vous bénira de la condescendance charitable que vous eûtes de moderniser ou de traduire, pour nous, certaines locutions que trois siècles ont vieillies, sans rien nous faire perdre toutefois de l’originelle beauté de cette langue unique, faite de grâce et d’énergie, qui a toutes les cordes, qui aborde tous les tons, qui prend toutes les nuances, et qui s’appelle d’un nom qui dit tout : la langue de saint François de Sales !

Tel est l’appât dont l’attirance gagnait au saint Docteur, et lui gagnera encore, tant d’âmes dont il fait, comme il avait fait de Madame de Charmoisy, de