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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/135

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oraisons jaculatoires gît la grande œuvre de la dévotion : il peut suppléer au défaut de toutes les autres oraisons, mais le manquement d’icelui ne peut presque point être réparé par aucun autre moyen. Sans icelui, on ne peut pas bien faire la vie contemplative, et ne saurait-on que mal faire la vie active ; sans icelui, le repos n’est qu’oisiveté, et le travail, qu’embarrassement ; c’est pourquoi je vous conjure de l’embrasser de tout votre cœur, sans jamais vous en départir.


CHAPITRE XIV

DE LA TRÈS SAINTE MESSE ET COMME IL LA FAUT OUÏR


1. Je ne vous ai encore point parlé du soleil des exercices spirituels, qui est le très saint, sacré et très souverain sacrifice et sacrement de la messe, centre de la religion chrétienne, cœur de la dévotion, âme de la piété ? mystère ineffable qui comprend l’abîme de la charité divine, et par lequel Dieu s’appliquant réellement à nous, nous communique magnifiquement ses grâces et faveurs.

2. L’oraison faite en l’union de ce divin sacrifice a une force indicible, de sorte, Philothée, que par icelui, l’âme abonde en célestes faveurs, comme appuyée sur son bien-aimé, qui la rend si pleine d’odeurs et suavités spirituelles, qu’elle ressemble à une colonne de fumée de bois aromatique, de la myrrhe, de l’encens et de toutes les poudres du parfumeur, comme il est dit ès Cantiques.