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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/150

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quel me déplaît, me dira quelque légère parole pour rire, je le prendrai en mauvaise part et me mettrai en colère ; que si un autre qui m’eût été agréable en eût dit une plus âpre, je l’eusse prise en bonne part. Je n’épargnerai donc point de dire : je me suis relâchée à dire des paroles de courroux contre une personne, ayant pris de lui en mauvaise part quelque chose qu’il m’a dit, non point pour la qualité des paroles, mais parce que celui-là m’était désagréable. Et s’il est encore besoin de particulariser les paroles pour vous bien déclarer, je pense qu’il serait bon de les dire ; car s’accusant ainsi naïvement, on ne découvre pas seulement les péchés qu’on a faits, mais aussi les mauvaises inclinations, coutumes, habitudes et autres racines du péché, au moyen de quoi le père spirituel prend une plus entière connaissance du cœur qu’il traite et des remèdes qui lui sont propres. Il faut néanmoins toujours tenir couvert le tiers qui aura coopéré à votre péché, tant qu’il sera possible.

Prenez garde à une quantité de péchés qui vivent et règnent bien souvent insensiblement dedans la conscience, afin que vous les confessiez et que vous puissiez vous en purger ; et à cet effet lisez attentivement les chapitres xxvii, xxviii, xxix, xxxv et xxxvi de la troisième Partie et le chapitre viii[1] de la quatrième Partie.

Ne changez pas aisément de confesseur, mais en ayant choisi un, continuez à lui rendre compte de votre conscience aux jours qui sont destinés pour cela, lui disant naïvement et franchement les péchés que vous aurez com-

  1. Le texte porte : chapitre VII. Mais il semble bien qu’il y a eu ici méprise.