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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/152

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ment toute l’année étant confits au sucre et au miel, ce n’est pas merveille si nos cœurs, quoique frêles et imbéciles, sont préservés de la corruption du péché lorsqu’ils sont sucrés et emmiellés de la chair et du sang incorruptible du Fils de Dieu. O Philothée ! les chrétiens qui seront damnés demeureront sans réplique lorsque le juste Juge leur fera voir le tort qu’ils ont eu de mourir spirituellement, puisqu’il leur était si aisé de se maintenir en vie et en santé par la manducation de son Corps qu’il leur avait laissé à cette intention « Misérables, dira-t-il, pourquoi êtes-vous mort, ayant à commandement le fruit et la viande de la vie ? »

« De recevoir la communion de l’Eucharistie tous les jours, ni je ne le loue ni je ne le vitupère ; mais de communier tous les jours de dimanche, je le suade et en exhorte un chacun, pourvu que l’esprit soit sans aucune affection de pécher ». Ce sont les propres paroles de saint Augustin, avec lequel je ne vitupère ni loue absolument que l’on communie tous les jours, mais laisse cela à la discrétion du père spirituel de celui qui se voudra résoudre sur ce point ; car la disposition requise pour une si fréquente communion devant être fort exquise, il n’est pas bon de le conseiller généralement ; et parce que cette disposition-là, quoiqu’exquise, se peut trouver en plusieurs bonnes âmes, il n’est pas bon non plus d’en divertir et dissuader généralement un chacun, ains cela se doit traiter par la considération de l’état intérieur d’un chacun en particulier. Ce serait imprudence de conseiller indistinctement à tous cet usage si fréquent ; mais ce serait aussi imprudence de blâmer aucun pour icelui, et surtout quand il suivrait l’avis de