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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/171

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que les autres ; et cela néanmoins arrive fort souvent, que deux hommes de bien ayant tous deux bonne intention, sur la diversité de leurs opinions, se font de grandes persécutions et contradictions l’un à l’autre.

Soyez patiente, non seulement pour le gros et principal des afflictions qui vous surviendront, mais encore pour les accessoires et accidents qui en dépendront. Plusieurs voudraient bien avoir du mal, pourvu qu’ils n’en fussent point incommodés. « Je ne me fâche point, dit l’un, d’être devenu pauvre, si ce n’était que cela m’empêchera de servir mes amis, élever mes enfants et vivre honorablement comme je désirais ». Et l’autre dira : « Je ne m’en soucierais point, si ce n’était que le monde pensera que cela me soit arrivé par ma faute », L’autre serait tout aise que l’on médît de lui, et le souffrirait fort patiemment, pourvu que personne ne crût le médisant. Il y en a d’autres qui veulent bien avoir quelque incommodité du mal, ce leur semble, mais non pas l’avoir toute : ils ne s’impatientent pas, disent ils, d’être malades, mais de ce qu’ils n’ont pas de l’argent pour se faire panser, ou bien de ce que ceux qui sont autour d’eux en sont importunés. Or je dis, Philothée, qu’il faut avoir patience, non seulement d’être malade, mais de l’être de la maladie que Dieu veut, au lieu où il veut, et entre les personnes qu’il veut, et avec les incommodités qu’il veut ; et ainsi des autres tribulations.

Quand il vous arrivera du mal, opposez à icelui les remèdes qui seront possibles et selon Dieu, car de faire autrement, ce serait tenter sa divine Majesté : mais aussi cela étant fait, attendez avec une entière résignation l’effet que Dieu agréera. S’il lui plaît que les remèdes vainquent