Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agréable ; et ceux qui ont au cœur l’honnêteté et chasteté, qui est la vertu angélique, ont toujours leurs paroles nettes, civiles et pudiques. Quant aux choses indécentes et folles, l’Apôtre ne veut pas que seulement on les nomme, nous assurant que rien ne corrompt tant les bonnes mœurs que les mauvais devis.

Si ces paroles déshonnêtes sont dites à couvert, avec afféterie et subtilité, elles sont infiniment plus vénéneuses ; car, comme plus un dard est pointu, plus il entre aisément en nos corps, ainsi plus un mauvais mot est aigu, plus il pénètre en nos cœurs. Et ceux qui pensent être galants hommes à dire de telles paroles en conversation, ne savent pas pourquoi les conversations sont faites ; car elles doivent être comme essaims d’abeilles assemblées pour faire le miel de quelque doux et vertueux entretien, et non pas comme un tas de guêpes qui se joignent pour sucer quelque pourriture. Si quelque sot vous dit des paroles messéantes, témoignez que vos oreilles en sont offensées, ou vous détournant ailleurs ou par quelque autre moyen, selon que votre prudence vous enseignera.

C’est une des plus mauvaises conditions qu’un esprit peut avoir, que d’être moqueur : Dieu hait extrêmement ce vice et en a fait jadis des étranges punitions. Rien n’est si contraire à la charité, et beaucoup plus à la dévotion, que le mépris et contemnement du prochain. Or, la dérision et moquerie ne se fait jamais sans ce mépris ; c’est pourquoi elle est un fort grand péché, en sorte que les docteurs ont raison de dire que la moquerie est la plus mauvaise sorte d’offense que l’on puisse faire au prochain par les paroles, parce que les autres offenses se font avec