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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/306

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et que Dieu lui avait confiée ; ce qui lui réussit si heureusement, qu’enfin ils furent tous sept très saints.

Mais les enfants étant venus au monde et commençant à se servir de la raison, les pères et mères doivent avoir un grand soin de leur imprimer la crainte de Dieu au cœur. La bonne reine Blanche fit ardemment cet office à l’endroit du roi saint Louis son fils, car elle lui disait souventefois : « J’aimerais trop mieux, mon cher enfant, vous voir mourir devant mes yeux, que de vous voir commettre un seul péché mortel » ; ce qui demeura tellement gravé en l’âme de ce saint fils que, comme lui-même racontait, il ne fut jour de sa vie, auquel il ne lui en souvînt, mettant peine, tant qu’il lui était possible, de bien garder cette divine doctrine. Certes, les races et générations sont appelées en notre langage, maisons, et les Hébreux même appellent la génération des enfants, édification de maison : car c’est en ce sens qu’il est dit que Dieu édifia des maisons aux sages-femmes d’Égypte. Or c’est pour montrer, que ce n’est pas faire une bonne maison de fourrer beaucoup de biens mondains en icelle, mais de bien élever les enfants en la crainte de Dieu et en la vertu : en quoi on ne doit épargner aucune sorte de peine ni de travaux, puisque les enfants sont la couronne du père et de la mère. Ainsi sainte Monique combattit avec tant de ferveur et de constance les mauvaises inclinations de saint Augustin, que l’ayant suivi par mer et par terre elle le rendit plus heureusement enfant de ses larmes, par la conversion de son âme, qu’il n’avait été enfant de son sang par la génération de son corps.

Saint Paul laisse en partage aux femmes le soin de la maison ; c’est pourquoi plusieurs ont cette véritable