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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/318

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d’autant encore que « si quelqu’un n’a soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il est pire qu’un infidèle ». Mais si les enfants sont en état de n’avoir pas besoin d’être conduits, la veuve alors doit ramasser toutes ses affections et cogitations, pour les appliquer plus purement à son avancement en l’amour de Dieu.

Si quelque force forcée n’oblige la conscience de la vraie veuve aux embarrassements extérieurs, tels que sont les procès, je lui conseille de s’en abstenir du tout, et suivre la méthode de conduire ses affaires qui sera plus paisible et tranquille, quoiqu’il ne semblât pas que ce fût la plus fructueuse. Car il faut que les fruits du tracas soient bien grands, pour être comparables au bien d’une sainte tranquillité ; laissant à part que les procès et telles brouilleries dissipent le cœur et ouvrent souventefois la porte aux ennemis de la chasteté, tandis que pour complaire à ceux de la faveur desquels on a besoin, on se met en des contenances indévotes et désagréables à Dieu.

L’oraison soit le continuel exercice de la veuve ; car ne devant plus avoir d’amour que pour Dieu, elle ne doit non plus presque avoir des paroles que pour Dieu. Et comme le fer qui, étant empêché de suivre l’attraction de l’aimant à cause de la présence du diamant, s’élance vers le même aimant soudain que le diamant est éloigné ; ainsi le cœur de la veuve, qui ne pouvait bonnement s’élancer du tout en Dieu, ni suivre les attraits de son divin amour pendant la vie de son mari, doit soudain après le trépas d’icelui courir ardemment à l’odeur des parfums célestes, comme disant, à l’imitation de l’Épouse sacrée : « O Seigneur, maintenant que je